U19 | Interview Bruno Vergès


 
 

Joueur de la première escadre Catalane à évoluer en Super League au cours de la saison 2006, Bruno Vergès a connu une carrière sportive bien remplie. Stéphanois dans un premier temps, il connaitra la fusion qui a donné naissance à l’UTC avant de vivre le grand saut dans le monde du rugby professionnel. Plusieurs fois titré au niveau national, International, Bruno Vergès porte forcément sur le rugby actuel un regard objectif et pertinent. Aujourd’hui dans le staff des U19, sa discrétion ne l’empêche jamais de mettre en avant les valeurs qui lui sont chères. Précis dans le travail, il sait aussi trouver les mots justes pour aider les garçons à relever tous les défis qui se présentent à eux.

 

Vous êtes un joueur de la première génération de l’aventure Dragons Catalans. Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru depuis 2006 ?

De mon vécu à aujourd’hui, il y a très peu de choses comparables si ce n’est que nous jouions nous aussi en Super League ! Tous les domaines se sont considérablement développés pour faire aujourd’hui des Dragons Catalans un club aussi bien structuré que les meilleurs de la Super League. La formation, les méthodes de travail, d’entrainement, de préparation physique, les infrastructures sont à la hauteur et les joueurs connaissent des conditions qui sont bien éloignées de celles du début. Le club a su au cours de ces dix années étoffer ses compétences en s’entourant de personnes qui ont travaillé d’arrache-pied pour franchir les paliers les uns après les autres. Le chemin parcouru en dix ans est difficilement imaginable pour celui qui ne l’a pas vécu. Je peux vous assurer que  le club a fait un pas de géant pour devenir un grand club professionnel.

Vous avez été appelé par Thierry Dumaine au sein du  staff U19. Pouvez-vous nous précisez quelles sont vos missions ?

J’interviens généralement davantage avec les trois-quarts où j’essaie de faire partager aux garçons mon expérience de joueur  mais aussi d’entraineur. Je suis proche des joueurs, je  parle beaucoup avec eux afin d’augmenter toujours un peu plus leur capital technique mais aussi leur capital confiance. Thierry Dumaine est très compétent sur le plan technique, j’apporte ma pierre à l’édifice en apportant une différence de ton auprès des joueurs. Nous sommes finalement complémentaires et toujours sur la même longueur d’onde.

Avez-vous été surpris par les joueurs que vous avez côtoyés en intégrant l’Academy des Dragons ?

Oui bien sûr ! Le bagage technique de l’écrasante majorité des garçons est très supérieur à la moyenne. Beaucoup arrivent des pôles où ils avaient déjà développé des compétences intéressantes et dans la structure Academy, ils ont encore franchi un cap. En matière de gabarit aussi j’ai été surpris. Bon nombre de joueurs sont grands, forts, rapides…Nous entrainons une équipe où presque tous les garçons ont le niveau international et ils ont tous une marge de progression importante. 

Quelles sont les différences entre la compétition en Academy et le championnat junior Elite ?

C’est une autre dimension tout simplement. Le fossé est peut-être moins large qu’entre des équipes seniors Elite et des équipes de Super League mais il demeure très important. Cela étant dit, c’est assez normal au regard de la charge de travail que font tous les joueurs des équipes Academy. D’un autre côté s’il n’y avait de différences marquées, cela laisserait à penser qu’il n’y a pas de travail. Au final, c’est donc très bien ainsi ! Les garçons qui vivent cette aventure aux Dragons doivent mesurer la chance qui est la leur. Ils doivent vivre leur projet à 200% pour ne rien regretter.

Pouvez-vous décrire une semaine type pour les joueurs de l’Academy ?

Le lundi est réservé à la récupération. Cette dernière peut-être active sur le terrain ou pas. Le mardi il y a une séance de musculation puis des moments de vidéo individuelles et collective. En suivant, les joueurs retrouvent le terrain pour une première séance qui s’articule souvent autour d’ateliers spécifiques pour corriger des détails. Le mercredi débute à proprement parler la préparation du match à venir. Après une séance de musculation, ils vont sur le terrain où chaque groupe reprend les bases. Les avants, les demis et les trois-quarts se voient proposer des ateliers pour améliorer leur technique dans tous les domaines offensifs et défensifs. Le jeudi c’est repos avant de repartir le vendredi avec une séance de musculation, une vidéo de présentation de l’adversaire puis un 13 contre 13 où la défense appliquera les mêmes principes que notre futur adversaire. Le samedi matin, l’annonce de l’équipe intervient avant la dernière séance qui est laissée au capitaine. Les joueurs qui ne sont pas choisis pour disputer la rencontre  font une séance de musculation et des extras physiques. Au final, la charge de travail sur une semaine est très importante. La récupération et l’hygiène de vie sont déterminantes pour être dans la performance.

Quelles sont selon vous les valeurs que les jeunes de l’Academy doivent intégrer pour espérer vivre la Super League?

Je dirai l’honnêteté envers eux, le groupe et le staff. La combativité qui est une obligation pour qui veut jouer à ce niveau et la persévérance. On pourrait citer d’autres valeurs encore mais ces trois-là sont fondamentales à mes yeux. J’y ajoute l’humilité dans la mesure où jouer c’est toujours se remettre en question et c’est garder la tête sur les épaules.  Rémi Casty incarne à merveille toutes ces valeurs aux Dragons sur et en dehors du terrain, aussi, je souhaite à bon nombre de nos jeunes de marcher dans ses pas !

Côté terrain, comment avez-vous trouvé la dernière prestation de vos protégés face à Wakefield ?

Nous étions satisfaits dans la mesure où les garçons ont respecté scrupuleusement les directives que nous avions données dans la semaine. Ils se sont facilités la tâche en faisant de gros efforts ensemble. Ils tuent le match en première mi-temps grâce à leur sérieux et à leur discipline. Une prestation est, par principe, toujours perfectible mais celle de samedi était très correcte.

Dimanche vous serez du côté de Widnes. Pouvez-vous nous parler de cet adversaire ?

C’est une équipe qui ressemble à beaucoup d’autres dans cette compétition. Devant ils courent dur et disposent de gabarits intéressants. A l’animation, ils disposent d’une charnière qui sait jouer et de quelques individualités dangereuses. A domicile nous avions mis longtemps à les mettre à genoux, il faut par conséquent s’attendre à une partie difficile face à une équipe revancharde.

Jean-François Albert